• Je ne t'aime plus, mon amour.


    Nathalie redescend dans son salon jonché des jouets que ses enfants ont laissé trainer.
    Elle vient de les coucher, et à présent, un sentiment familier la guette : Nathalie se sent seule.
    Désespérement seule.
    Ce soir cela fait un an que son mari l'a quittée.
    Elle se rappelle parfaitement ce soir-là.

    En rentrant d'avoir déposé les trois bambins chez leurs grands-parents pour le weekend, elle avait trouvé Philippe assis dans le canapé, la tête dans les mains.
    Il lui avait juste dit : "Nathalie, je ne t'aime plus."
    Elle avait d'abord cru à une défaillance auditive de sa part. Elle s'était excusée et avait prié son mari de répéter.
    "Je vais partir Nathalie. Je ne t'aime plus."
    Et là le choc. Le froid glacial qui s'était insinué soudainement dans ses veines. Elle avait commencé à tousser. Fort.
    Puis sa pensée s'était vite tournée vers Adrien, Lucien et Maximilien.
    "Mais... Les enfants ?"
    Et ça avait été les larmes, des larmes lentes, creuses, qui coulaient discrètement le long de ses joues rebondies.
    "Tu ne te rends pas compte que tu détruis toute notre famille ?" avait-elle réussi à ajouter.
    Mais rien n'y avait fait.
    Il y avait eu d'abord cette période affreuse et dégradante, celle où il avait fallu informer les amis et les proches, assumer le mal qu'on lui avait fait, écouter les insultes pleuvoir sur le fantôme de son mari. Oui, c'était peut-être ça, le plus dur. Entendre tous ces gens prendre parti contre lui, tenter de le convaincre qu'il était un salaud, un irresponsable, un égoïste, alors que son coeur, lui, lui avait déjà pardonné et souhaitait ardemment qu'il revienne.
    Elle qui n'avait jamais eu foi en quoi que ce soit, elle s'était mise à prier. Qui, au juste, elle n'en savait rien. Elle savait qu'elle voulait son mari, c'est tout.
    Finalement, elle avait compris que ses espoirs étaient vains lorsqu'elle avait reçu dans sa boîte aux lettres les papiers de la procédure de divorce. Des papiers d'un rose écoeurant. Elle avait signé, oublié les prières et la foi, et elle avait commencé une nouvelle vie.
    Depuis, elle se sentait seule dans sa maison, à la fois seule adulte et seule femme, isolée dans son statut, et devant assumer l'épanouissement personnel de ses enfants si jeunes (le dernier avait quelques mois), désolée de ne pouvoir leur offrir la vraie présence paternelle dont tout le monde a besoin.
    Elle s'était posé des questions elle aussi. Avec son physique peu séduisant, sa corpulence un peu boulotte et ses trois enfants à charge, elle ne trouverait plus jamais personne. Pourtant, du soleil qu'avait été sa vie d'avant, ses enfants étaient les seuls trois rayons qui persistaient.
    Et puis, difficilement, peu à peu, elle avait pris le dessus.

    Nathalie sort soudain de sa rêverie, quelqu'un sonne à la porte.
    Intriguée, mais un peu apeurée car il est tard, elle s'avance doucement vers la porte.
    Elle l'ouvre un petit peu.
    Mais sur le pavillon, point d'être humain, point de mari.
    Juste un bouquet de roses.



  • Commentaires

    1
    Floby
    Dimanche 17 Septembre 2006 à 15:06
    eh mais
    Eh mais, c'est triste ! :(
    2
    Lundi 18 Septembre 2006 à 18:12
    Comprenez-vous ?
    Bravo Petitpois ! Quel plaisir de retrouver ici tes talents d'écrivaine en herbe ! Continues de nous donner souvent de tes textes au goût de bonbons acidulés. A+
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    3
    Daniela
    Lundi 30 Octobre 2006 à 16:04
    Dégeulasse
    Ce que je trouve dégeuleasse c'est que l'enfant le plus jeune n'avait encore que quelques mois et il l'a commême fait non? A la place de cette dame je tiendrait encore à lui parler une dernière fois et à lui exploser ce que j'avais dans le coeur pour la toute dernière fois, courage!!!!
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